photo courtesy Stephen Kilvington • www.airliners.net
Quand je réalise la mise en couleur des profils, je dois également mettre en place les différents marquages appliqués sur les appareils concernés. Cela regroupe les immatriculations, les cocardes nationales et les insignes d'unités. Parmi ces deux derniers groupes se trouve parfois la motivation de départ à la réalisation de certains profils du fait de leur forme particulière. Il en est ainsi de la cocarde de Singapour par exemple, et sa forme en tête de lion visible ici sur un A-4SU Skyhawk. Néanmoins dans la plupart des cas, ces insignes et ces cocardes sont peu visibles du fait de leur taille sur l'avion. Pourtant à chaque fois, ils sont précisément restitués à partir de fichiers vectoriels produits séparément.
Ce dossier a donc pour but de voir enfin certains de ces insignes.
Les premiers exemples abordés ici concernent les pays du Proche-Orient. Le Bahreïn et le Qatar sont regroupés ici du fait de leur similitude de drapeau. Vous trouverez sur le site un F-5E bahreïni et un Mirage F1DDA qatari. Au contraire de leurs drapeaux, leur cocardes sont bien différentes et ne prêtent pas à confusion.
En effet, le drapeau du Qatar délimite le blanc et le rouge avec cinq triangles. Cependant, sur le F-5E visible ici a été réalisé à partir de photos datant d'avant 2002 quand le drapeau comportait encore huit triangles source alors de la confusion avec le Bahreïn qui en utilise neuf. Le changement s'est fait à l'occasion de la décision de l'émir de faire de son régime une monarchie constitutionnelle. Aujourd'hui, le drapeau qatari comporte donc cinq triangles pour officiellement symboliser les cinq piliers de l'islam et diminuer tout risque de confusion avec le drapeau de son voisin bahreïni.
Contrairement à d'autres pays de culture musulmane, on ne retrouve pas le vert dans leurs insignes de nationalité comme on peut le voir avec la cocarde jordanienne (toujours sur un F-5E) ou encore l'Arabie Saoudite (Un profil de BAe Hawk Mk. 65 saoudien est en cours) qui utilise une cocarde qui signale à la fois son cadre géographique (des palmiers) et d'une certaine manière la façon dont le pays s'est constitué au moment de la Première Guerre mondiale (deux sabres) tandis que la dérive arbore le drapeau national, vert avec la reprise du sabre et la citation de la Shahâda, la profession de foi de l'islam.
Les pays concernés par cette distinction politique, et il faut le dire géographique, sont une source d'inspiration inépuisable pour moi, du fait des schémas de camouflages appliqués sur leurs divers appareils tout au long de la guerre froide. La variété proposée ne concerne pas seulement les avions équipant ces armées de l'air mais également leurs adversaires. Les unités d'entraînement dites " aggressor " des pays occidentaux tentent de restituer au mieux les techniques de combats des forces aériennes qu'ils simulent. Cette immersion va jusqu'à reproduire sur des appareils employés les livrées et parfois certains marquages des pays du bloc soviétique. Ceci se trouve illustré par ce dernier cas avec les F-5E/N des unités aggressor américaines avant que certains projets en cours ou en préparation aboutissent (MiG-17, 21, 23 ou 29, Su-17/22M-4…) Autre élément intéressant à propos des forces aériennes du Pacte de Varsovie est que leur unités n'arborent aucun signes distinctifs… du moins jusqu'à la disparition de l'emprise soviétique en 1990-1991. Il était bien difficile de savoir à quelle escadrille appartenait tel ou tel avion. Dans sa logique communiste, les seuls insignes individualisant un appareil d'un autre était la marque de la qualité de l'appareil concerné. La RDA appliquait le signe Q pour Qualität, les Russes apposaient la silhouette stylisée d'un avion émergeant d'un pentagone.
Dans les années 90 les insignes d'unités apparaissent massivement dans les forces aériennes anciennement rattachées au Pacte de Varsovie comme par exemple en Pologne, cette sirène du 1.ELT « Varsovie » apparue sur un MiG-29 ou ce chevalier apposé sur un MiG-21 du 41.ELT, tous deux dès 1990. Avec l'URSS, la plupart des cocardes s'inspirent de la sienne avec l'emploi fréquent de l'étoile, rouge de préférence comme pour la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie ou encore la Yougoslavie.
Peu de variété en somme, plutôt des déclinaisons. Sans l'URSS, les cocardes changent de forme tandis que de nouvelles apparaissent avec l'indépendance des anciennes républiques soviétiques. Le mauvais exemple est la Biélorussie qui a conservé l'étoile rouge soviétique, l'autre extrême est l'Ukraine (voir également cet insigne « nationale » avec un aigle saisissant le drapeau) et entre les deux vous avez la très belle cocarde kazakhe réalisée pour un Su-27 finalement pas retenu, qui a su réinterpréter l'étoile rouge. Hors URSS, la Hongrie choisit finalement un triangle aux couleurs nationales tandis que la nouvelle Slovaquie laissait l'ancienne cocarde ronde de la Tchécoslovaquie à la République tchèque pour en créer une nouvelle très imagée.
URSS/Russie/ Biélorussie |
Pologne | Ukraine | Kazakhstan | Tchécoslovaquie/ Rép. tchèque |
Slovaquie |
Il ne faut pas confondre pays intertropical et pays non aligné, même s'il faut bien reconnaître que parfois les deux cadres se confondent. Dans cette zone géographique, se trouvent des pays qui adhéraient à l'un ou l'autre des blocs ou à aucun. Néanmoins ils fournissent camouflages et divers insignes particulièrement attractifs pour moi. Concernant les cocardes vous pouvez en voir ici quelques-unes originales avec Singapour déjà évoquée, mais sur laquelle il serait bon de revenir suite à son changement en 1990. On se souvient que leur cocarde précédente reprenait le symbole du Yin et du Yang quand ce pays est cerné de pays musulmans, Malaisie et Indonésie. La cocarde actuelle représente un lion en référence au sens de Singapour : « la cité du lion », ainsi baptisée depuis le XIIIe siècle.
Le Su-27 angolais cumule pour sa part livrée et cocarde originales. Et même Taïwan a le mérite de fournir une livrée rare pour un Mirage 2000. L'Afghanistan n'est représenté par aucun profil mais était prévu pour un MiG-21MF de 1989 dont le pilote avait déserté au Pakistan. Cette cocarde est un instantané de l'histoire de ce pays en suivant les variations de son drapeau : face à ses dix-huit changements depuis le début du siècle précédent, la cocarde afghane n'a changé que six fois.
Singapour | Angola | Afghanistan | Taïwan | Mexique | Thaïlande |
Et comme ce dossier est l'occasion de montrer ce qui ne se voit pas sur les profils, évoquons aussi quelques écussons comme ceux présents en haut des dérives des F-5E mexicains - dont la cocarde est triangulaire, ce qui n'est pas fréquent - et thaïlandais ou celui « visible » sous le cockpit du Su-27 indonésien présent ici.
Mexique | Thaïlande | Indonésie |
Je me suis peu penché jusqu'à présent sur les appareils de la Seconde Guerre mondiale… Et sans y voir une quelconque orientation, il se trouve que ce sont surtout des avions allemands… Donc j'ai eu l'occasion de produire de nombreux marquages d'unités de la Luftwaffe. D'ailleurs plus que ceux finalement utilisés sur les divers Bf 109 et Fw 190 présents ici.
Malgré une rigueur toute allemande, le positionnement des insignes d'unités connut dans ces temps de guerre une certaine volatilité. Chaque geschwader avait sont insigne, chaque gruppe, chaque staffel avait également le sien ce qui aboutissait à au moins treize insignes par geschwader dans leur configuration au début de la guerre avec trois gruppen chacun composés de trois staffeln. Par la suite il arrivait qu'un quatrième gruppe soit intégré et que leur composition passe à quatre staffeln, soit vingt et un écussons... Chaque appareil avait alors le choix entre trois de ses insignes. Il fallait donc choisir lequel était apposé sur la carlingue de son avion. Auquel pouvait venir s'ajouter des insignes personnels sans toutefois atteindre le niveau des « nose art » des U.S. Army Air Forces comme cela s'appelait en ce temps-là . On pense immédiatement au Mickey Mouse de Galland alors dans la JG 26, au coq de Hahn ou à la carte à jouer de Priller - voir son Fw 190A-8 - sans parler de la tulipe qui habillait le nez des appareils de Graf et Hartmann.
Certaines unités tiraient leur nom de grands pilotes comme la JG 2 « Richthofen », la JG 3 « Udet », présente ici, du nom d'un autre pilote de la Première Guerre mondiale qui se suicida en 1941. L'unité fut ainsi baptisée et prit un U ailé comme insigne à partir de 1942. Détail macabre, un autre as de la chasse est mort dans l'accident de l'avion qui le ramenait à Berlin justement pour les obsèques de Ernst Udet. Werner Mölders donna ainsi à son tour son nom à une unité de chasse de la Luftwaffe, la JG 51 (présente ici avec l'insigne du I. Gruppe) qu'il avait commandée durant la bataille d'Angleterre.
Parmi les unités représentées ici, il s'en trouve d'autres non moins illustres. L'insigne du I./ JG 27 lui vient de sa participation à l'Afrika Korps de Rommel où s'illustra Joachim Marseille dont vous pouvez voir le Bf 109F-4. La JG 52 est l'unité par laquelle passèrent tous les plus grands as de la chasse allemande dont Barkhorn (301 victoires), Rall (275), Graf (212) et Hartmann (352) - ne la quittant de toute la guerre que pour quelques semaines, au début de 1945, pour prendre la tête du I./JG 53 à bord du Bf 109G-14 blanc visible ici - qui en firent finalement l'unité aux 10 000 victoires aériennes.
I./JG 27 | JG 52 | JG 53 « Pik As » | 9./JG 54 | I./JG 51 | JG 54 « Grünherz » |
La France a également droit à ses profils qui permettent de représenter des unités qui elles aussi sont chargées d'histoire. Elles auraient pu figurer dans le paragraphe précédent, mais j'ai préféré une construction synchronique plutôt que diachronique - qui sont des mots compliqués je l'admets… - et ainsi regrouper ces éléments dans une partie exclusivement française.
Donc se trouvent ici particulièrement deux unités mondialement connues : le Normandie Niemen et le Lafayette. Cette dernière dont l'histoire remonte tout de même à la Première Guerre mondiale, possède sa propre page très complète sur le site Maquette72 pour laquelle j'ai réalisé justement les profils de P-40 et de Mirage 2000N. Je vous y renvoie donc sans regrets.
De son côté, le « Neu-Neu », puisque c'est son surnom, a été créé sur une base en Syrie en 1942, mais ici paradoxalement, c'est son insigne qui nous intéresse. La France ayant choisi d'appeler ses groupes de chasse par des noms de région ou de département, c'est sans surprise qu'une unité s'appelant Normandie a choisi l'écusson de cette région : de Gueules à deux léopards d'Or. Remarquez que j'ai un peu amélioré les léopards… ce qui se voit à peine une fois apposé sur la dérive ! Le débat sur sa relation avec le blason anglais, sur l'ancienneté de l'un sur l'autre ou ne nombre de léopards reste ouvert… Penchons-nous sur un dernier point : l'adjonction du nom Niemen. Elle doit cet ajout à sa brillante participation aux côtés des troupes soviétiques à la bataille du fleuve Niemen (aujourd'hui à cheval sur la Biélorussie et la Lituanie). C'est Staline qui leur décerne l'honneur d'accoler Niemen au nom de l'unité en 1944. Plusieurs fois renumérotée, ses traditions perdurent encore aujourd'hui où le régiment de chasse vient finalement d'être mis en sommeil… En attendant les Rafale ?
D'autres unités sont présentées ici comme le Vexin et ses mousquetaires. Elle était - jusqu'à sa mise en sommeil au profit du retour du 3/11 Corse - la seule unité de chasse basée de manière permanente hors des frontières, sur la BA 188 de Djibouti. Et dernièrement le détachement de Djibouti (Vexin puis Corse) est la seule unité mixte de l'Armée de l'Air avec à la fois des Mirage 2000C et D.
La cocotte du 3/33 Moselle n'est absolument pas l'écusson de la Moselle - comme quoi… - mais la suite des traditions de la Br 11 (à l'époque les unités avaient apparemment le nom de la marque de son appareil de dotation, ici des Breguet 14-A2). L'origine de cet insigne est amusante : un de ses pilotes voit deux cocottes sur les flancs d'un camion qui ont l'air de représenter un 22. Son unité est la 11, une seule cocotte est conservée… Elle doit sa présence ici au camouflage désertique particulier arboré par un de ses Mirage F1CR lors de sessions Red Flag.
Le dernier insigne a également été choisi parce que je voulais représenter un Mirage F1B. Il se trouve que ce sont les photos d'un appareil du 1/30 Alsace (avec le blason de Colmar) que j'ai trouvées en premier. A quoi ça tient parfois ?
Voilà . Le choix des insignes présentés ici est, vous l'aurez compris, à la fois aléatoire et totalement subjectif. Toutes les cocardes ne sont pas visibles dans ce dossier. Vous auriez pu voir le losange de la RDA, l'étoile de David, le soleil malaisien ou encore le kiwi néo-zélandais. Pour les insignes manquent à l'appel celui qui se trouve sur le Su-27 russe présenté ici, mais malheureusement il est situé sur sa dérive tribord, la chauve-souris d'un F-16I ou le griffon apposé sur la dérive des F-16 d'une unité de la réserve américaine... Mais maintenant, j'espère que vous regarderez les profils différemment et qui vous prendrez le temps d'observer les différents marquages présents.
Je vous recommande d'ailleurs les F-4EJ, vous comprendrez ce que je veux dire, ils y sont tous (!) et tous exacts…